jeudi 20 janvier 2011

OS - Irrésistible petite française


OS écrit pour Mag (alias Lapda) à l'occasion de notre première rencontre et en l'honneur de notre - ô combien envoutant - point commun : Jay.

Perso :  Mag et Jackson Rathbone
Date de publication :  juin 2010

~x~

- Je le déteste ! Je le déteste ! Je le déteste ! Rhaaaaaa ! Râlai-je devant le rayonnage de liquides de refroidissement et autres fluides automobiles qui me faisaient face. Juste aujourd'hui ! Pas demain, pas hier. Non ! Ca ne serait pas drôle sinon. Il avait juste fallu que ça tombe aujourd'hui ! Saleté d'inventaire à la noix.

J'avais attendu ce jour avec impatience depuis quand déjà? Trois mois. Nous y étions enfin et moi j'étais là à comptabiliser le nombre de bombes anti-crevaison qu'il nous restait en stock. Tout cela était injuste ! Il n'y avait pas d'autre mot. Dès que j'avais eu confirmation de la date, j'avais pris les devant, faisant en sorte que tout colle avec mon planning, anticipant les problèmes du style « inventaire » justement… Et il avait fallu que mon collègue tombe malade ! Bien sûr, mon très cher patron n'avait eu aucun scrupule à faire sauter mon jour de congé pour cas de force majeur comme il me l'avait si bien dit et j'étais coincée ici, à minuit passé, dans cette station essence.

Je passai ma main dans la poche arrière de mon jean et en sortis ce rectangle de papier qui aurait du être mon sésame pour cette folle soirée…

Un profond soupir s'échappa de mes lèvres. Et dire que j'aurais pu assister à l'unique représentation des 100 Monkey dans la région, voir Jay, jouer les fans hystériques le temps d'une soirée… Au lieu de quoi j'étais restée coincée ici.

Les filles avaient, chacune à leur manière, tenté de me faire vivre cette expérience à distance, allant du coup de fil pendant le concert, aux photos envoyées par mms… Et je les en remerciais, mais cela ne me rendait pas moins triste et quelque peu en colère d'avoir raté tout ça.

Je me souvenais encore du jour où j'avais appris la nouvelle. Je n'en croyais pas mes yeux. De toutes les villes de France, les Monkey allaient venir ici, à Avignon. « Si ca ce n'est pas un signe du destin ! » Avais-je même pensé à l'époque. Et quel signe ! J'y avais cru et tout avait foutu le camp à cause d'un pauvre rhume mal soigné.

- Rhaaaaa !

Dépitée, je bouclai lentement mon inventaire, comptabilisant un à un chaque article présent dans la petite boutique. Les minutes s'égrainèrent à la vitesse d'une fourmi paresseuse me rendant encore plus râleuse que je ne l'étais déjà. Autant dire que j'étais aussi souriante qu'une porte de prison à cet instant.

Instant que quelqu'un choisit pour venir toquer à la grande porte vitrée de la station.

Habituée au silence habitant les lieux depuis le début de la soirée, seulement entrecoupé par mes râlements incessants et quelques coups de tonnerre, je ne pus m'empêcher de sursauter. Je jetai un bref coup d'œil à la porte et vis dans la pénombre une silhouette d'homme se protégeant de la pluie avec une espèce de vieux journal tout ramolli. Un orage d'été avait explosé un peu plus tôt dans la soirée et il pleuvait encore à torrent à l'extérieur.

J'avais beau avoir l'habitude de travailler ici la nuit, je n'étais jamais vraiment rassurée quand ce type de « visiteur » arrivait. Comment ne pas psychoter avec tout ce que l'on entendait tous les jours aux infos ? La quasi obscurité extérieure, seulement entrecoupée par des éclairs menaçants qui zébraient de temps en autre le ciel, rendait la scène encore plus effrayante. Je lançai un « C'est fermé » aussi fort que je pus et partis me barricader derrière mon comptoir – Comme si cela pouvait m'aider en cas de problème !

Le rôdeur posa ses mains en coupe sur la vitre, y collant le journal détrempé par la même occasion et explora l'intérieur de la station tout en criant des paroles incompréhensibles que l'orage couvrait de ses grands grondements. Et alors que je m'apprêtais à bondir sur mon téléphone portable pour appeler la police, j'entendis un « Essence s'il vous plait » déformé par un fort accent américain.

Il ne manquait plus qu'un touriste en panne d'essence pour couronner cette soirée de malheur !

J'attrapai le premier objet contondant à ma portée – une pauvre éponge en peau de chamois, autant dire que je me sentais très en sécurité ainsi armée – et m'avançai prudemment. Je ravalai tant bien que mal mon angoisse et déverrouillai la porte pour lui faire face. Le jeune homme se redressa, laissant les goutes de pluie dévaler son visage. Après une brève concentration de quelques secondes où je sentis mon sang pulser dans mes tempes sous une soudaine poussée d'adrénaline, je sortis une phrase dans un anglais que je n'espérais pas trop rouillé.

- La station est fermée monsieur, je suis désolée. Vous en trouverez une ouverte 24h/24 dans une douzaine de kilomètre sur cette route, l'informai-je tout en ne pouvant m'empêcher de laisser mes yeux détailler le contour de son visage que ses cheveux mouillés cachaient en grande partie.

- Douze kilomètre ? Je ne pense pas que cette voiture tiendra jusque-là.

Cette voix… Cet accent… Hummmmmmm…

J'étais comme hypnotisée par le large sourire que je devinais se dessiner sur ses lèvres dans cette pénombre lorsqu'un éclair illumina soudain le ciel ombrageux. Et le temps d'une fraction de seconde, je crus à un mirage.

Nom d'un chien !

A croire que je déraillais totalement… Je perdais la boule… J'avais des hallucinations… Ou alors je faisais des rêves éveillés… A moins que je sois en train de dormis sur le comptoir et que ceci soit un rêve…

Un autre éclair zébra le ciel.

Pincez-moi, je rêve !

- Je… Je…

Manquait plus que mon cerveau grille !

Un coup de klaxon retentit soudain dans la nuit orageuse.

- Je crois que mes amis s'impatientent.

Je quittai à regret le large sourire qui fendait son visage et regardai un peu plus loin derrière lui. Je vis des silhouettes bouger dans la pénombre de l'habitacle.

Et en plus il n'est pas seul…

Allez fait un effort Mag et sors une phrase cohérente !

- Je finis dans quinze minutes, couinai-je. Si vous le voulez, je peux vous emmener à la prochaine station avec un jerricane...

- Vous feriez ça ?

Je le ferais ? Lui et moi seul pendant quelques minutes dans la promiscuité d'une voiture… Mes joues s'enflammèrent aux images lubriques qui défilèrent dans ma tête.

- Si ça ne vous gêne pas d'attendre.

- Et bien, merci. Je vais prévenir mes amis et je repasse vous acheter un jerricane.

J'opinai timidement alors qu'il rebroussait chemin en courant vers son 4x4.

Alors là, si on m'avait dit qu'une chose pareille était susceptible de m'arriver, j'aurais traité cette personne de folle à lier. Et pourtant… C'était bien lui, l'objet de tous mes fantasmes, qui venait de frapper à la porte de la station essence ou je travaille. Combien y avait-il de chance pour qu'une pareille coïncidence arrive ? Une sur un million ? Non, un billion plutôt.

Jackson Rathbone, en France, en concert à Avignon, qui tombe en panne d'essence à quelque pas de ma station et qui frappe à ma porte…

Waouh !

- Hum hum.

Trop perdue dans mes pensées, je n'avais pas réalisé qu'il était revenu et son raclement de gorge me valut un autre sursaut.

- Oh, pardon. Je ne voulais pas vous faire peur.

- Oh non c'est moi, j'étais dans la lune, lui répondis-je en levant des yeux timides vers lui.

Et j'en eus le souffle coupé. Le faible éclairage extérieur m'avait seulement laissé entrevoir les contours de son visage mais là j'étais juste subjugué par sa beauté, me noyant sans retenu dans le vert envoutant de ses yeux.

- Combien vous dois-je ?

- Euh… Tout dépend de… Euh… Du modèle que vous souhaitez… Peut-être que… le gros serait le mieux approprié ? Bégayai-je.

A croire que mes neurones avaient foutu le camp ! Pathétique !

D'un signe de tête je lui indiquai les jerricanes pour qu'il se fasse sa propre opinion. Il ne valait mieux pas que je tente une quelconque phrase au risque d'être encore plus ridicule – Si cela était encore possible.

- Le grand ira très bien, merci encore pour votre aide.

A ses paroles, un sourire nias s'incrusta sur mon visage. La honte ! Manquerait plus que le filet de bave et le tableau serait parfait ! Il alla récupérer un des bidons pendant que je l'encaissais.

Youhou ! Le billet de Jay !

Définitivement perdus, les neurones !

Ma petite hystérie intérieure coupa court lorsque je vis du coin de l'œil Jackson regarder un rectangle de papier qu'il venait de ramasser par terre. Un vent de panique s'engouffra soudain en moi. Je portai urgemment ma main à la poche arrière de mon jean.

Merde !

Livide, j'appréhendais sa réaction. Je l'avais reconnu et je n'avais rien dit. Et maintenant je ne pouvais absolument pas le nier vu qu'il tenait ma place de concert dans sa main. Je croyais l'avoir remis à sa place mais apparemment elle s'était faite la malle et avait déserté ma poche, à mon grand désespoir.

- Les 100 Monkeys ?

- Je… Euh… C'est que… euh…

Neurones à la dérive !

- Vous n'êtes pas venue ?

- J'aurais aimé mais euh…

Plutôt que terminer ma phrase, je la laissai mourir dans ma gorge en faisant un geste circulaire vers la station.

- Quel dommage ! Peut-être pourriez-vous venir à celui de Bordeaux.

Il déposa la place de concert sur le comptoir et me tendit la main.

- Il me semble que j'ai un retard à rattraper. Jackson, souffla-t-il. Et vous ?

- Ma… Mag enfin Magali mais Mag c'est bien aussi.

A ça c'est de la présentation…

Je me saisis timidement de sa main, savourant chaque seconde du contact de sa peau sur la mienne.

- Enchanté, Magali, me sourit-il.

Je pouvais jurer qu'un léger gémissement s'était échappé de mes lèvres au son de sa voix. Aussi rouge qu'une pivoine, je lui rendis son sourire. C'était officiellement le plus beau jour de ma vie. Jay, dans ma station, tenant ma main et prononçant mon prénom. Que demander de plus ?

J'avais certes des tas d'idées pour ce « plus » mais je me devais de les laisser éloigner de ma tête au risque de passer pour une folle – Si ce n'était déjà pas le cas.

Après avoir bouclé la boutique, je dirigeai Jackson jusqu'à mon véhicule et nous primes la direction de la station concurrente pour trouver de l'essence. Les mains crispées sur le volant, je jetais de temps à autre des coups d'œil furtif au fauteuil passager alors que son occupant, aussi silencieux que moi, regardait droit devant lui.

Je voulais dire quelque chose, mais rien ne me venait à l'esprit. Que dire à un acteur, doublé d'un chanteur, habitué au showbiz alors qu'il se trouvait coincé dans une voiture avec une nana des plus banales. Qu'avais-je d'intéressant à lui soumettre ? Absolument rien.

Et c'est ainsi que nous fîmes le trajet jusqu'à la station et une partie du chemin retour.

- Tu… parler… pas beaucoup, dit-il soudain dans un français approximatif mais couplé d'un accent à se damner tellement il était sexy.

- Euh, vous non plus, répondis-je également dans la langue de Molière.

- Vrai. Mais toi dire « tu » à moi. Vous trop…

Il grogna légèrement, provocant une réaction immédiate sur mon épiderme puis reprit en anglais cette fois-ci :

- Mon français est trop lointain. Par contre toi, tu parles très bien anglais.

- Merci.

- C'est dommage que tu n'aies pas pu venir à notre concert. Nous avons quelques jours de repos avant notre prochaine date. Mes amis et moi avons prévu de visiter la région mais nous restons ici demain. Peut-être que tu pourrais venir pour une représentation spéciale de quelques morceaux. Ca serait notre manière de te remercier pour ta gentillesse.

Je n'en revenais pas. Jackson était en train de me proposer un showcase rien que pour moi. Je restai carrément bouche bée face à sa proposition. Malheureusement, une fois de plus, j'allais tout rater.

- Merci mais je ne pourrais pas. Je dois travailler demain.

- Oh. Et bien pourquoi pas maintenant ?

- Maintenant ? M'étonnai-je alors que je me garais à côté de son 4x4.

- Pourquoi pas ?

Un large sourire s'étendait à présent sur son visage accentuant encore plus ses craquantes petites fossettes. Il sortit aussitôt de ma voiture et alla rejoindre ses amis. Moi je restais coincée derrière mon volant, trop abasourdie pour bouger. Pourquoi pas ? …

- Tout est arrangé, me dit-il en pensant la tête par ma fenêtre encore ouverte. Prête pour un petit concert ?

- Euh… Je ne sais pas… C'est que…

- Ca me ferait très plaisir Mag, dis oui.

Paroles qu'il agrémenta d'une petite moue irrésistible.

- D'accord.

Quelques minutes plus tard, une fois qu'ils eurent mis l'essence dans leur réservoir, je me retrouvai à nouveau sur la route, suivant leur véhicule avec Jay pour me tenir compagnie. Une boule d'anxiété avait élu domicile dans ma gorge. Je ne savais pas du tout ce que je fichais là. J'avais l'impression de vivre un rêve éveillé. Tout était trop beau pour être vrai.

Les heureuses suivantes furent pure folie. Le petit medley spécial qu'ils m'avaient concocté était tout simplement mémorable. Tous les morceaux que j'appréciais y figurait et je crus même défaillir lorsque Jackson m'interpréta a capela « Sweet Face ». Le petit grain de folie qui se dégageait de leur musique irradiait la pièce. Il m'avait même possédée à un tel point qu'après avoir lâché par inadvertance que je prenais des cours de piano depuis quelques mois, je m'étais retrouvée devant leur synthé à jouer un de leur morceau. Autant dire que cela avait été une totale catastrophe mais un si bon moment. Ils étaient tous adorables et drôles. Aucun ne se prenait la tête. Ils étaient vraiment à la hauteur de l'image qu'ils véhiculaient : une bande de potes, un brin cinglés, qui passaient du bon temps en jouant de la musique bien loin de tout le tapage du showbiz.

Finalement, un à un, ils avaient tous quitté la pièce, nous laissant seul Jackson et moi. Je m'approchai alors du synthé sur lequel j'avais tenté de jouer un peu plus tôt et laissai mes doigts effleurer les touches. Une note après l'autre, j'entamai l'Aria.

- Bach ? Me demanda Jackson en s'asseyant sur un pouf à côté de moi.

Je lui fis un signe positif de la tête.

- C'est mon compositeur préféré, soufflai-je.

Je continuai le morceau jusqu'à la fin, me laissant porter par sa mélodie. Lorsque j'eus terminé, Jay m'applaudit, me gratifiant de compliments qui me firent rougir.

L'instant était magique, malheureusement l'heure tournait et il était temps pour moi de rentrer.

- Merci pour tout. J'ai passé une excellente soirée.

- Tu peux rester encore si tu veux.

- Je dois vraiment y aller. Il est tard… enfin plutôt tôt… Merci beaucoup Jackson.

- Ok, soupira-t-il.

Il saisit ma main, ses doigts caressant légèrement ma peau. Un long frisson prit naissance à l'endroit même de ce contact. De son autre main il attrapa un stylo et nota quelque chose au creux de ma paume.

- Si un jour, tu te trouves dans une des villes de notre tournée ou que tu passes par L.A., appelle-moi.

Il se pencha alors vers mon visage et dans un mouvement lent et hypnotique il déposa un baiser sur ma joue. Je crus que mon cœur allait s'arrêter lorsque son souffle chaud chatouilla ma peau.

- Je serais ravi de te revoir, murmura-t-il.

Deuxième arrêt cardiaque.

- D'accord, couinai-je.

Il me gratifia de son sourire charmeur alors que je me retournais pour lui faire signe une dernière fois.

Waouh, quelle soirée !

Qui aurait cru qu'une journée aussi mal commencée pouvait se terminer aussi bien ?

Les yeux emplis d'étoile et des rêves pleins la tête, je repris ma voiture et m'éloignai.

***

Des mois s'étaient écoulés depuis cette fameuse soirée. A présent elle me semblait même n'avoir été qu'un rêve, une chimère tout droit sortie de mon imagination.

J'avais passé des heures à contempler les chiffres écrits au feutre noir dans la paume de ma main, seule preuve tangible de l'existence de cette rencontre hors du commun et des instants magiques qui en avaient découlés. J'avais à plusieurs reprises été tentée de composer son numéro de téléphone, mais pour lui dire quoi ?

« Allô. Bonjour c'est Mag. Tu te souviens, la fille que tu as rencontrée dans une station service près d'Avignon, en France… A non tu ne vois pas… Tant pis. Au revoir. »

Cette rencontre avait été magique, irréelle et envoutante et comme tout moment merveilleux , elle avait pris fin. Je m'étais faite une raison.

Je me rappelais encore quand j'avais raconté tout ça aux filles. Elles m'avaient bien sûr toutes prise pour une folle. Que pensez d'autre ? J'avais déjà du mal à le croire moi-même alors…

Et aujourd'hui était un jour comme les autres dans ma vie.

J'enchaînais client sur client. A croire qu'ils s'étaient tous donnés le mot pour venir faire leur plein d'essence à la même heure. Et cette dernière, elle, me donnait l'impression d'avancer à reculons tellement le temps s'écoulait doucement.

Et quand la station se vida, je me laissai mollement retomber sur ma chaise. Enfin un peu de tranquillité. Ce n'était pas de refus après le marathon de "bonjour", "au revoir", "que puis-je faire pour vous" et autre "bonne journée" que j'avais du servir ces dernières heures. La journée était enfin finie, je pouvais souffler.

Je rassemblai rapidement mes affaires, éteignis les lumières et verrouillai la porte. J'allais enfin rentrer chez moi, me faire couler un bon bain chaud et lire un bon livre. Le pied !

Le temps était menaçant en ce mois de novembre mais ce n'était pas pour me déplaire. J'aimais ces jours d'orage ou le ciel gris donnait une petite touche mélancolique au paysage orangé de l'automne. J'humai l'air frais et savourai l'odeur particulière de la pluie qui approche. Que ne donnerais-je pas pour qu'un orage éclate sur le champ ?

Je m'avançai lentement vers la voiture, les yeux mi-clos, le nez en l'air, profitant de cette ambiance. Je me saisis de mes clés et d'un geste mécanique j'ouvris mon véhicule, tournant mon regard vers ce dernier. Le "bip-bip" sonore de ma fermeture centralisée retentit devant moi alors que je restais figé.

Je ne me rappelais pas m'être cognée la tête récemment, je n'avais consommé aucune substance illicite… Tout allait bien. Enfin normalement. Alors pourquoi est-ce que j'avais une hallucination ?

La dite hallucination, nonchalamment adossée à ma voiture, se redressa et m'offrit un large sourire.

- Bonsoir.

Ok, maintenant même mes oreilles délirent !

Il s'approcha lentement vers moi qui étais toujours figée sous l'effet de la surprise.

- Qu'est-ce… Qu'est-ce que tu fais là ?

Il rit.

- J'attendais simplement que tu finisses de travailler. J'ai attendu ton appel qui n'est jamais arrivé alors je me suis décidé à venir te voir.

- Pourquoi ?

- Faut-il vraiment une raison à tout ? Sourit-il.

- Euh… Non…

- As-tu déjà dîné ?

Je lui fis un signe négatif de la tête.

- Ca tombe bien, moi non plus. Connais-tu un bon restaurant dans le coin ?

Et c'est ainsi que je me retrouvai à bord d'une voiture de location en compagnie de Jackson alors que nous nous dirigions vers l'un de mes restaurants préférés. Heureusement que ce dernier était tout près. J'avais déjà l'estomac noué par la situation alors y rajouter les nausées dues à la voiture, non merci.

Nous arrivâmes au So Lounge, petit restaurant design et discret des environs d'Avignon, quelques minutes plus tard.

Tout le long du trajet, Jackson avait été souriant et décontracté, se moquant ouvertement de mon "état de choc" face à sa présence ici. A présent il avait l'air beaucoup plus sérieux. Il étudiait attentivement le menu en fronçant les sourcils.

- Il va falloir que tu m'aides, lança-t-il, dépité, au bout d'un moment. Je crois que tout ce que j'ai compris de ce menu c'est "menu" justement.

J'éclatai de rire. Sans doute l'effet du stress combiné au verre de vin que je venais de descendre presque cul sec. Jackson me dévisagea avec étonnement puis se joignit à moi, riant aux éclats.

- Alors voyons un peu ce menu, lui souris-je une fois calmée.

- Tu as un très joli sourire, me murmura-t-il.

J'eus soudain l'impression que mon cœur allait s'arrêter de battre. Avais-je bien entendu ?

- Ah ah très drôle ! M'exclamai-je, préférant de loin éluder, juste au cas où mes oreilles m'aient joué un sale tour.

- Tu as un très jolie sourire Mag, insista-t-il.

- Mer... Merci, balbutiai-je alors que mon visage virait au coquelicot.

A vrai dire je ne savais plus où me mettre. J'oscillais entre l'envie de sauter de joie comme une petite fille et celle de courir à toutes jambes vers la sortie. Sans oublier celle de bondir sur la table et de goûter à ses lèvres pulpeuses qui me souriaient.

Ouh ! Très mauvaise idée !

Ce genre d'images ne devait absolument pas s'inviter dans ma tête. Cela serait bien trop risqué pour ma santé mentale.

Le repas se déroula à merveille. Après avoir traduit, non sans mal, tous les plats de la carte, Jay et moi avions choisi l'option découverte. Le serveur nous apporta alors un grand plateau comportant des petites quantités de tout ce qui était au menu. Un vrai régal pour les papilles.

Peu à peu, le vin aidant, la nervosité m'avait quittée. J'étais bien, même incroyablement bien en sa compagnie. C'était une situation étrange, être là, dans ce restaurant, l'écoutant me raconter des anecdotes de tournée, rigolant à ses blagues...

Je passai une fois de plus une soirée merveilleuse en sa compagnie. A vrai dire, j'étais totalement sous le charme, non pas de l'acteur ou encore du chanteur, mais de l'homme. Il se livrait, montrant à travers ses mots la personne qu'il était et j'aimais ça. Beaucoup trop à mon goût d'ailleurs.

Vint ensuite le moment de quitter la table. Nous partîmes nous promener aux alentours, discutant de choses et d'autres, découvrant au détour de chaque mot un peu plus l'autre.

- Et si tu me parlais un peu de toi, me dit-il alors que nous arrivions dans un petit parc arboré.

- De moi ? M'étonnai-je. Je n'ai pas grand chose à dire.

- Ne dis pas n'importe quoi ! As-tu une passion ?

- J'aime beaucoup dessiner, avouai-je timidement.

- C'est vrai ? J'aimerais beaucoup voir certaines de tes œuvres alors.

- Œuvre ? Ris-je en haussant un sourcil. T'y vas un peu fort là !

Il soupira, faussement exaspéré et me tira par le bras pour que je continue à avancer.

- Quoi d'autre ?

- Humm, la lecture. J'adore m'installer confortablement, ouvrir un livre et m'évader dans un autre univers. Je peux lire pendant des heures sans me rendre compte du temps qui passe. Et ce que j'aime par dessus tout c'est l'odeur si particulière des livres anciens… Mais je dois t'ennuyer à parler ainsi de mon addiction à la lecture, ajoutai-je penaude.

- Pas du tout. J'ai envie de te connaitre et j'aime t'entendre me parler de toi.

Je m'arrêtai de marcher et le dévisageai dans la pénombre. Il stoppa et se retourna vers moi, surpris.

- Quoi ? Demanda-t-il.

- Pourquoi es-tu-la ? Pourquoi es-tu venu jusqu'ici ? Pourquoi...

La douce mélodie de son rire me coupa.

- Et pourquoi pas ? Me dit-il tout en s'approchant de moi. Ne te pose pas tant de question Mag.

Il prit mes mains dans les siennes. Je me figeai. Il me sourit et posa son front contre le mien. Je cessai alors de respirer.

- Je suis ici pour toi, souffla-t-il. Parce que ce soir là, j'ai découvert une femme extraordinaire et que j'avais envie de te revoir, de te connaître. Parce que depuis, je pense sans cesse à toi, la petite Française qui m'a tourné la tête.

Le visage de Jackson se rapprocha lentement du mien et comme dans un rêve ses lèvres se posèrent délicatement sur les miennes, les effleurant à peine. Une pression, deux pressions et je perdis pied. Mes mains lâchèrent les siennes et partirent à la rencontre de ses cheveux. Je sentis Jay sourire contre ma bouche alors que sa langue venait caresser ma lèvre inférieure, quémandant l'accès à la mienne. Je la lui donnai sans aucune retenu. Commença alors un ballet endiablé où chacun tenta, tantôt doucement, tantôt plus férocement de dominer l'autre.

- J'ai comme l'impression que ma réponse t'a convenu, murmura-t-il, après avoir rompu notre baiser, me faisant grogner de mécontentement au passage.

Il m'offrit alors le plus beau des sourires qu'il m'ait été donné de voir.

Le tonnerre gronda. Je ne m'étais même pas rendue compte que l'orage était là, lui qui avait menacé toute la journée. Des goutes commencèrent aussitôt à tomber. Nous partîmes à rire, surpris par cette soudaine pluie que, ni lui ni moi, n'avions vu arriver. Il m'attrapa par la main et m'entraina avec lui. Nous refîmes le chemin inverse en courant et en riant aux éclats. C'est complètement à bout de souffles que nous arrivâmes quelques minutes plus tard à son véhicule où nous nous engouffrâmes rapidement.

- Waouh ! Quelle course ! S'exclama-t-il.

Je restai silencieuse, luttant pour reprendre mon souffle.

- Tout va bien ? S'inquiéta-t-il en se penchant vers moi.

- Oui… Ca… Va…, m'essoufflai-je.

Ses doigts glissèrent délicatement sur la peau de ma joue, dégageant une mèche de mes cheveux collée sur mon visage. Il la replaça derrière mon oreille. Ce geste provoqua un long frisson qui irradia tout mon corps. Frisson que Jackson interpréta comme un signe de froid.

- Tu es frigorifiée, ne restons pas ici.

Sur ces paroles, il démarra en trombe tout en mettant le chauffage de son 4x4 sur la position maximale.

- Aimerais-tu venir écouter une de mes dernières compositions ? Je travaille actuellement sur le prochain album des Monkeys et j'ai justement une maquette. Tu pourrais me donner ton avis, qu'en dis-tu ?

- J'en serais ravie, avouai-je, plus que flattée.

- Super ! Par contre, il va falloir que tu m'indiques le chemin si nous voulons arriver un jour à destination. Parce que là, je crois qu'on tourne en rond, rit-il. J'ai loué la même villa que la dernière fois.

Une dizaine de minutes plus tard, nous arrivâmes enfin alors que l'orage battait toujours son plein. C'est en courant une fois de plus que nous pénétrâmes dans le hall. Jay s'éclipsa aussitôt pour revenir une minute plus tard une grosse serviette éponge à la main.

- Viens-là.

Il m'emmitoufla dans la serviette. Je me blottis aussitôt dans ses bras, savourant la chaleur de son corps qui se propageait jusqu'au mien. Autant dire que mon cœur battait la chamade et le petit sprint sous la pluie n'en était pas le responsable.

- Tu trembles encore, s'inquiéta-t-il. Je vais te faire un bon café bien chaud pour te réchauffer.

- Non, attends, le rattrapai-je.

- Tu n'aimes pas le café ? Me demanda-t-il en haussant un sourcil.

- Si... Non... Enfin si, bafouillai-je. Quoi que je n'appelle pas le café Américain du "café", ajoutai-je, moqueuse.

- Ceci est un coup bas, s'offusqua-t-il faussement tout en m'offrant une petite moue à croquer.

- Ca s'apparente plus à du jus de chaussette en fait, surenchéris-je.

- Jus de chaussettes ?

J'hochai la tête.

- Oh ça tu vas me le payer !

Il bondit sur moi, agrippant ma serviette. Je m'en débarrassai alors pour prendre la fuite, profitant de son attaque pour m'éclipser sur le côté. Riant, Jay me poursuivit alors que je pénétrais dans le salon.

- Mag, tu ne fais qu'empirer ton cas. Mon jus de chaussettes et moi allons te faire payer ton affront.

J'évitai de justesse un fauteuil, contournai un grand pot de fleurs avant de trébucher sur la table basse et de m'écrouler de tout mon long sur le canapé. Bien sûr, Jackson en profita pour m'immobiliser, me bloquant de son corps.

- Cette fois-ci tu ne m'échapperas plus, me dit-il avec un petit air malicieux. Tu vas regretter tes...

Il ne put terminer sa phrase, mes lèvres s'étant collées aux siennes. Je ne savais pas ce qui venait de me prendre. Venais-je vraiment de faire ça ? Apparemment oui… Je mis fin à ce baiser aussi vite que je l'avais fait naître. Jay était resté figé, m'observant, alors que moi je me noyais littéralement dans l'océan émeraude de ses yeux.

- Je…

Cette fois ce fut moi qui ne pus finir ma phrase. Les lèvres, douces et pulpeuses, de Jay vinrent rejoindre les miennes, les effleurant, les caressant tendrement. Je me laissai porter par toutes ces sensations qui naissaient dans mon corps à ce simple baiser. Comme pour empêcher toute fin prématurée, mes bras enveloppèrent son cou, mes mains partirent à l'aventure dans ses mèches humides qu'elles fourragèrent effrontément. Et quand sa langue vint réclamer la mienne, un profond soupir s'échappa de ma gorge.

Luttant l'une contre l'autre, au rythme de ce baiser tantôt timide, tantôt endiablé, elles se cherchèrent, s'abandonnèrent pour mieux se retrouver, se jouant des soupirs et des râles qu'elles provoquaient. Et quand l'air devint insuffisant dans nos poumons, Jackson partit à la découverte de mon cou, parsemant des myriades de baisers sur ma peau frissonnante. Mon corps répondit au doux supplice que me faisait subir ses lèvres et mes jambes s'enroulèrent d'elle-même autour de sa taille, provocant par la même occasion une friction des plus agréable. Sensation apparemment partagée, si j'en crois le grognement qui sortit de sa gorge.

- Tu vas me rendre dingue si tu continues comme ça.

Pour seule réponse, je roulai mon bassin contre le sien. Sa réaction fut immédiate. Les boutons de mon chemisier sautèrent un à un pendant que sa langue traçait un sillon humide le long de ma clavicule. L'un de ses doigts glissa sous la barrière de dentelle de mon soutien-gorge, frôlant habillement la pointe de mon sein. Gémissante et haletante, je n'étais plus qu'un jouet dans ses mains agiles. Je réagissais à chacun des assauts de ses lèvres, frémissant sous le ballet de ses doigts, vibrant à chaque soupir étouffé contre ma peau…

De mes mains tremblantes, je fis passer son t-shirt par-dessus sa tète. Je pus alors enfin savourer pleinement la douceur de sa peau sous mes doigts, dessinant ça et là des arabesques, parsemant ainsi des frissons sur sa peau laiteuse.

Mais Jackson ne me laissa pas en découvrir d'avantage. D'une de ses mains, il retint les miennes fermement au dessus de ma tête pendant que de l'autre, il dégrafait mon soutien-gorge, profitant ainsi pleinement de la vue que lui offraient mes seins à présent nu. Et lorsqu'il relâcha enfin sa prise sur mes poignets, ce fut pour partir torturer du bout de sa langue, mes tétons dressés de plaisir, tantôt les mordillant, tantôt les suçotant, mais m'arrachant à coup sur gémissements sur gémissements.

Ma respiration, déjà saccadée, se coupa lorsque ses doigts glissèrent jusqu'à la ceinture de mon jean. Un… Deux… Trois… Un à un, il fit sauter chaque bouton de mon pantalon, qu'il m'ôta sans plus de retenue. Et alors qu'il s'apprêtait à faire subir le même sort à ma petite culotte, je me redressai, profitant de l'effet de surprise pour le renverser. Alors qu'il s'échouait au sol, je me mis à califourchon ses hanches. Mes doigts papillonnèrent le long de son torse musclé, redessinant la courbe de ses pectoraux, glissant le long du creux de sa ceinture abdominale, tout en me délectant de chacun des râles de plaisirs que mes caresses lui arrachaient. Et quand enfin mes doigts parvinrent à leur destination, je me saisis de la boucle de sa ceinture. Bien trop lentement à son goût, je fis glisser son jean le long de ses jambes, jusqu'à ce qu'il aille rejoindre le mien.

Je me mordis la lèvre d'anticipation alors que mes doigts glissaient sous l'élastique de son boxer. Je dévorais littéralement des yeux sa virilité fièrement érigée à travers le fin tissu de son sous-vêtement et sans plus attendre, je le débarrassais de cette barrière inutile. Un grognement résonna dans toute la pièce lorsque de la pointe de ma langue, je vins caresser sa longueur, la léchant, la suçotant et la mordillant tour à tour, provoquant chez lui des spasmes de plaisir mêlés à des gémissements.

Soudain, Jay m'écarta de lui et d'un habile mouvement du bassin, me fit basculer sur le côté. Ma petite culotte alla joncher le sol sans que je ne sache vraiment comment. Tout ce dont j'eus conscience fut la langue de Jackson titillant fièrement mon clitoris. Son attaque subite m'envoya presque au septième ciel. Mon corps s'arqua de son tout son long alors qu'un brasier incandescent prenait naissance dans mon bas ventre. Cette douce torture s'amplifia encore lorsque qu'il glissa l'un de ses doigts à l'intérieur de moi et qu'il entama un lent va et vient.

Je le voulais, ici et maintenant. C'est rempli de cette certitude que je mis fin tant bien que mal à cette diabolique caresse qu'il m'offrait. Le tirant à moi, je le fis remonter jusqu'à mon visage et l'embrassai tendrement pendant que mes hanches allèrent chercher les siennes, provocant chez nous deux un long gémissement de plaisir.

Plaisir qui fut décuplé lorsqu'enfin nos deux corps s'unirent et ne firent plus qu'un. Jackson entama alors un lent va et vient en moi. Mes mains s'agrippèrent à ses épaules et je me laissai totalement submerger par les vagues extatiques qui déferlaient dans tout mon corps. Chacun de ses coups de rein m'envoyait un peu plus près de ce point de non retour qui se propageait en moi. Et lorsque dans un dernier mouvement, il s'enfonça encore plus profondément en moi, j'explosai, criant mon plaisir aussi fort que je le pouvais.

Ce fut totalement haletant que Jay retomba sur moi. Nous restâmes un instant totalement silencieux, récupérant peu à peu notre souffle. Puis il se redressa et déposa un baiser sur mon front.

- Viens avec moi, me dit-il en me tendant sa main.

Je m'en saisis sans plus attendre. Il me serra alors dans ses bras et me guida jusque dans une chambre. Allongée sur le lit, je me blottis tout contre lui, tout en caressant tendrement son torse.

- Il serait peut-être tant que tu me parles de ce que tu détestes maintenant, s'enquit-il.

- Vraiment ?

- Je veux tout savoir de toi.

- Hum… Ok. Alors voyons voir… Je déteste la nourriture trop épicée, les criquets, la banane, la…

- La banane ? S'étonna-t-il.

J'hochai la tête.

- Et tu dis ça à un « Monkey » ! Tu aimes prendre des risques…

Et à peine avait-il fini sa phrase que déjà ses doigts parcouraient mes côtes, me faisant me dandiner et rire aux éclats sous ses chatouilles.

La nuit ne faisait que commencer…

Fin.

1 commentaire:

  1. J'adore cet OS, il est vraiment génial !
    Un grand plaisir de te lire à chaque fois !
    bon week-end
    biz aurélie

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